10 mars 1906, la terrible catastrophe des mines de Courrières.
Le samedi 10 mars 1906 s’est déroulée dans notre bassin la plus importante catastrophe minière de tous les temps. Un coup de poussière aux fosses 2 de Billy-Montigny, 3 de Méricourt et 4-11 de Sallaumines de la compagnie des mines de Courrières tua selon le chiffre officiel (et probablement sous évalué à l’époque) 1099 ouvriers mineurs. Chiffre terrifiant qui laissa d’après une enquête réalisée par le centre historique minier de Lewarde 562 veuves et 1133 orphelins… Plus de 1600 mineurs étaient descendus à 6h dans les différents puits de la compagnie. Dans la nuit du 6 au 7 mars, un incendie avait été découvert dans les anciens travaux de la veine Cécile (puits n°3). Ce feu aurait démarré accidentellement avec la lampe à feu nu d’un raccommodeur. Des barrages avaient été réalisés pour étouffer l’incendie.
Le 10 mars vers 6h45, une terrible explosion ravagea plus de 100km de galeries. Les barrages de la veine Cécile seraient restés intacts. Le point de départ de l’explosion se situe à l’étage 326 du puits n°3 dans les traçages de la veine Joséphine dite voie Lecoeuvre où travaillaient Arthur, Joseph et Henri Lecoeuvre ainsi que Charles Pruvost.
Trois hypothèses ont été retenues concernant l’origine de l’explosion qui enflamma les poussières de charbon : un tir de mine, une explosion de cartouche inattendue ou un coup de grisou.
Le délégué mineur Pierre Simon dit Ricq (1868-1925) qui avait déjà mis en garde la compagnie contre les risques liés à l’incendie de la veine Cécile sauva dans les premières heures 17 de ses camarades en descendant par la fosse 10 avec le porion Pelabon, Manouvrier et Bouvier. Ils accédèrent à la fosse 3 en passant par la veine Julie. Concernant l’organisation des secours, un détachement des sapeurs-pompiers de Paris arrive à 5h du matin dès le 12 mars. En cette fin de journée, malgré la crise diplomatique Franco-allemande, un groupe de sauveteurs Allemands arrive de la région minière de la Ruhr pour prêter main forte à leurs camarades mineurs Français.
Selon la direction « il n’y a plus de chance de retrouver des survivants » et dès le 12, il décide de renverser l’aérage contre l’avis des délégués mineurs notamment Hurbain. Cet acte mettra en péril de nombreux mineurs toujours coincés au fond avec les éboulements et qui décéderont des suites des gaz et de l’air vicié. Contre tout à tente, un groupe de 13 mineurs issus de la fosse 3 parvient à remonter par la fosse 2 le 30 mars. Un quatorzième sera retrouvé vivant à l’accrochage 331 de la fosse 4 le 04 avril.
Au jour la colère gronde dans le pays minier. Une grève de plus de 50 jours (chiffre variable en fonction des compagnies) démarra le 14 mars une journée après les premières obsèques. Il y aura plus de 60 000 grévistes. Des patrouilles de mineurs s’organisent contre « les jaunes » mineurs non grévistes. Clemenceau ministre de l’intérieur envoie sur place 30 000 gendarmes et soldats. Un officier du 5e régiment de Dragon (lieutenant Lautour) sera tué à Lens le 17 avril par un jet de brique. Une fièvre révolutionnaire parcourt le bassin où de nombreuses barricades sont installées sur Liévin, Lens et Denain. Dans cette dernière, de violents affrontements se déroulèrent devant l’entrée de l’usine Cail où un mineur blessa grièvement un gendarme à la tête. Le 20 avril entre Denain et Haveluy, une guérilla se déroula entre grévistes et militaires. A une charge de cavalerie, les mineurs rejoints par des métallurgistes ripostèrent par des jets de briques, pavés et bouteilles. On dénombra de nombreux blessés principalement chez les militaires. Dans ce contexte, Clemenceau autorisa à partir du 21 avril les troupes à faire usage de leurs armes si elles se trouvaient en situation de « péril extrême »…
La grève de 1906 aura également été une lutte acharnée entre le vieux et le jeune syndicat dirigé respectivement par Emile Basly et Benoît Broutchoux. Le vieux syndicat réussi à obtenir une légère revalorisation des salaires et l’obtention d’un droit pour les veuves et les orphelins.
En 1907, les tribunaux prononceront un non lieu concernant la responsabilité des dirigeants de la compagnie dans la catastrophe. Ces derniers ont même obtenu une prime pour les services rendus par leur conseil d’administration…
Le 26 avril 1942, l’accident d’Honkeiko en Chine sera le plus meurtrier de l’histoire avec 1549 victimes…