La grande grève des mineurs d’Anzin.
Un des conflits les plus importants qu’a connu notre bassin minier est incontestablement la grande grève des mineurs d’Anzin qui s’est déroulée du 18 février au 15 avril 1884 sous la troisième République. L’origine du conflit est liée à la décision prise par la compagnie des mines d’Anzin (qui s’étend sur une grande partie du bassin de Valenciennes et jusqu’au Douaisis) de licencier les postes de raccommodeurs (vieux mineurs chargés avec les galibots en formation de l’entretien des galeries). Cette tâche sera donnée aux abatteurs qui auront en conséquence une perte de salaire.
L’objectif de la compagnie est de « tuer dans l’œuf » la chambre syndicale des mineurs du Nord crée à Denain en 1883 à un moment où elle connaît des problèmes d’écoulements des stocks de charbon à cause de la crise qui sévit.
Emile Basly (1854-1928) ancien mineur licencié de la fosse Villars de Denain et secrétaire de la chambre syndicale déclenche donc « la rebelle ». D’importantes réunions se tiendront dans son cabaret « au XIXe siècle» situé à quelques pas de la fosse Villars. Très rapidement, quasiment l’ensemble des 12 000 mineurs que compte la compagnie se mettent en grève. Plus de la moitié des mineurs est déjà syndiquée. En réponse, la compagnie licencie plus de 140 ouvriers quasiment tous membres du syndicat…
De la fin février à la fin du mois de mars, les descentes quotidiennes sont comprises entre 800 et 1300 mineurs. Des expéditions punitives sont menées contre les « jaunes ». La grève prend une tournure nationale. Elle est relayée par la presse Parisienne et le Président de la république reçoit même une délégation de mineurs. George Clemenceau (futur ministre de l’intérieur qui réprimera durement la grève de 1906) prend même la défense des mineurs à l’assemblée.
Début avril, le conflit se durcit alors que redescendent plus de 2000 mineurs. A Denain, c’est l’émeute. Plus de 2000 grévistes se dirigent à la fosse Renard pour menacer les ouvriers qui redescendent. Les gendarmes sont mis en déroute et le sous-préfet envoie sur place un bataillon d’infanterie et un escadron de Dragon. Les jours suivants, toutes les fosses sont occupées militairement et 37 manifestants sont arrêtés et condamnés à des peines s’étalant de 8 jours à 3 mois de prison.
Dans les corons, on crève la faim et la lassitude demeure. La compagnie résiste malgré de faibles concessions proposées. La grève et un échec mais elle a démontré le potentiel du syndicalisme naissant. Emile Basly qui a toujours été hostile à la violence se démena pour recueillir des dons à l’issue du conflit pour les familles de mineurs en se rendant notamment à Paris.
C’est de cette grève que s’est inspiré Emile Zola qui publiera le roman Germinal en 1885. Il s’était rendu sur place fin février 1884 où il visita les installations de la fosse Thiers et il descendra au fond de la fosse Renard de Denain. Il rencontra également le leader syndical Emile Basly. Ce dernier joua un grand rôle lors de la grève de 1906 à la suite de la terrible catastrophe des mines de Courrières.